Présentation de la murale par l’artiste, Isabelle Lapierre

L’oeuvre que je vous propose pour la murale imprimée de La Bordée s’intitule Séance Wifi DIY. Un réseau Wi-Fi permet de se relier à des appareils de façon invisible. Ici, par analogie avec cette technologie, c’est l’art qui est mis de l’avant comme un moyen de se relier au monde, et qui peut rendre perceptible ces liens auparavant invisibles.

 

Provenant d’une sensibilité à sa propre vie intérieure et au monde qui nous entoure, l’art permet de communiquer les éléments les moins tangibles du réel. DIY est l’acronyme pour l’adage punk do it yourself, ce qui évoque pour moi la débrouillardise des artistes qui arrivent à trouver des solutions pour créer malgré des conditions parfois précaires. Comme vous pouvez le constater, cette oeuvre fait d’emblée écho à la vocation artistique du quartier (La Bordée, la Maison pour la danse, l’École d’art de l’Université Laval, Méduse, etc.).

 

On peut voir dans ce tableau quatre individus effectuant de mystérieuses actions au milieu des glaces du fleuve Saint-Laurent. Ceux-ci s’affaire à réaliser une performance, ou un rituel magique. Ils sont en train de rendre manifeste, de faire apparaitre quelque chose. Ils sont en plein moment de création, d’activation d’une force collective ou chacun a un rôle à jouer.

 

Ici, le CLASH, thème de la prochaine saison de La Bordée, se retrouve partout : le clash la lumière qui tranche avec l’obscurité ; celui des couleurs vives perçant la grisaille ; celui de la jeune génération confrontée au monde problématique que leur a légué la précédente ; le clash entre la désespérante crise environnementale et l’audace de se mobiliser dans l’espoir d’en contrer les effets ; celui du feu du soleil semblant rendre la température clémente aux protagonistes alors que le fleuve est glacé ; celui entre le naturel et le surnaturel et enfin, celui entre un lieu inhospitalier pour l’humain (le milieu d’un fleuve) et le fait qu’il soit tout de même habité par ce groupuscule, du moins le temps de poser ces actions.

 

Cette oeuvre est aussi une fenêtre sur un paysage naturel et onirique qui contraste avec paysage urbain. Ces clashs ouvrent un espace hybride, à la fois hétérogène et poreux, ce qui, étrangement, produit une harmonie, probablement celle des forces contradictoires qui s’équilibrent. Le réalisme magique de ce panorama nous invite à explorer nos paysages et nos forces intérieures, et à nous mettre en action dans le monde concret. Comme au théâtre, ce tableau est une mise en scène, et il nous incite à ouvrir et enrichir nos imaginaires individuels et collectifs.

 

En plus d’évoquer l’effervescence artistique du quartier, ce tableau représente une voie de passage naturelle – Le fleuve — entourant une scène rituélique de création collective, ce qui fait écho aux voies de passages routiers ceinturant le théâtre de La Bordée, lieu dédié à la création. La jeune afrodescendante, le rouquin et les deux personnages fantaisistes à l’identité indéterminée nous ramènent à la diversité (culturelle, sexuelle, générationnelle, etc.) des gens de Saint-Roch, mais aussi à celle de ceux qui côtoient le quartier, ainsi qu’à celle des créateurs présentés par votre organisme. – Isabelle Lapierre

 

 

Peinture originale

Séance Wifi DIY, huile sur bois, 102 cm X 127 cm.

 

 

Crédit photo de la peinture, utilisée pour l’impression

Étienne Boucher

 

 

Biographie de l’artiste

Isabelle Lapierre travaille avec une multitude de médiums, ce qui l’aide à relier des éléments de différentes natures, et à remettre en question la netteté des frontières délimitant les composantes du réel. Elle détient une maitrise en arts visuels de l’Université Laval, pour laquelle elle reçoit le prix René-Richard 2022. Son parcours compte des expositions solos et collectives dans plusieurs régions du Québec, et elle diffuse ses vidéos dans différents événements et festivals au Québec et en France. En 2008, elle se joint au collectif Les Fermières Obsédées avec lequel elle donne des performances au Canada et en Serbie. Elle est co-fondatrice du collectif B.L.U.S.H., qui depuis 2015 se consacre à la création d’œuvres performatives alliant art sonore et arts visuels.

 

 

Collaboration

Conscientes de la visibilité imprenable du mur arrière du théâtre, La Bordée et la Ville de Québec partageaient un désir commun de faire vivre cet espace. Un appel a projets a donc été présenté dans le cadre du programme d’œuvres murales et de vidéoprojections architecturales, financé par l’Entente de développement culturel intervenue entre la Ville de Québec et le ministère de la Culture et des Communications.

 

Logo_Entente de développement culturel_Ville de Québec

 

 

Réalisation vidéo

Eliot Laprise

 

Extrait vidéo