Résumé
Gaspésie. Début du vingtième siècle. Équinoxe d’automne. Donatienne, 37 ans, femme de pêcheur et mère de deux grands enfants, fait le meilleur chiard de morue salée des environs. Devant la demande aussi pressante et insistante qu’incongrue du grand patron pour lui préparer son fameux plat, Donatienne s’entête à le lui refuser. Les pauvres, dit-elle, n’ont pour fortune que leur honneur. Le geste, en apparence banal, aura des répercussions politiques sur le système d’exploitation en place depuis 200 ans. La question va diviser l’ensemble du village, tout en plongeant la femme et sa famille dans un tourment existentiel.
Le chiard s’intéresse à un pan de l’histoire québécoise souvent méconnu, alors que pendant plus de 250 ans, de prospères commerçants anglais ont exporté la morue séchée en Europe. La ressource leur paraissait inépuisable et les colons francophones, analphabètes et dociles, se sont retrouvés piégés dans un système de surendettement où le poisson n’est pas celui qu’on croit. Alors qu’on déboulonne les statues des héros de la grande Histoire, il est intéressant de porter notre regard sur la toute petite histoire – celle de nos grands-parents et de leurs ancêtres qui, bien que truffée de paradoxes, paraît désormais plus inspirante pour rêver d’un monde meilleur.